Cheikh Mohamed Ali Ferkous ( Qu' Allah le préserve )

 

Louange à Allah, Maître des Mondes; et paix et salut sur celui qu'Allah a envoyé comme miséricorde pour le monde entier, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu'au Jour de la Résurrection.

 

Ceci dit :

 

 

Allah a honoré la nation de Mohammed et l’a placée au juste milieu entre les nations.

 

 

Il a dit :

 

 

وَكَذَلِكَ جَعَلْنَاكُمْ أُمَّةً وَسَطًا لِتَكُونُوا شُهَدَاءَ عَلَى النَّاسِ وَيَكُونَ الرَّسُولُ عَلَيْكُمْ شَهِيدًا﴾ [البقرة: 143].

 

Ce qui signifie :

 

 

﴾Et aussi Nous avons fait de vous une communauté de justes pour que vous soyez témoins aux gens, comme le messager sera témoin à vous﴿ [El-Baqara (La Vache) : 143].

 

Pareillement, l’un de Ses bienfaits est qu’Il ait placé Ahl Es-Sounna Wal Djamâ`a au juste milieu par rapport à toutes les factions de la nation en ce qui concerne toutes les questions qui sont l’objet de divergence.

 

 

Ainsi, le juste milieu est l’une des caractéristiques de la voie d’Ahl Es-Sounna en croyance.

 

Toutes les autres factions établissent des règles qui leur sont propres et auxquelles ils veulent que les textes religieux se plient.

 

Ils acceptent ces textes, bien tant qu’ils sont à leur faveur. Mais dès qu’ils les contrarient, ils les réfutent ! Le résultat est que leurs doctrines ne se démarquent pas des deux extrêmes : celui de la négligence et celui de l’exagération.

 

 

Pour cela, Ahl Es-Sounna Wal-Djamâ`a sont les heureux élus atta­chés à la vérité et à la bonne voie, puisqu’ils se soumettent pleinement aux textes du Coran et de la Sounna. Ils n’en rejettent aucun élément et ne s’y opposent point.

 

 

Plutôt, ils s’arrêtent là où les textes indi­quent de s’arrêter sans les transgresser et sans les délaisser et recourir aux règles dites logiques ou aux pseudo raisonnements dialectiques, en se conformant ainsi au verset où Allah dit :

 

 

 

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لاَ تُقَدِّمُوا بَيْنَ يَدَيِ اللهِ وَرَسُولِهِ وَاتَّقُوا اللهَ إِنَّ اللهَ سَمِيعٌ عَلِيمٌ﴾ [الحجرات: 1].

 

Traduction du sens :

 

 

﴾Ô vous qui avez cru ! Ne devancez pas Allah et Son messager. Et craignez Allah. Allah est Celui qui entend tout parfaitement et est Omniscient﴿ [El-Houdjourâte (Les Appartements : 1].

Donc, Ahl Es-Sounna Wal Djamâ'a jouissent de la meilleure gui­dée qui soit et de la voie la plus droite ; celle du juste milieu qui se démarque des deux extrêmes empruntés par les différentes sectes, à savoir l’exagération et la négligence.

 

 

Ceci dit, parmi les formes reflétant le juste milieu qui marque Ahl Es-Sounna, nous citons leur modération en ce qui concerne les jugements, les appellations juridiques, les promesses de récompense [pour les bienfaiteurs] et les menaces de châtiment [contre les malfaiteurs]. Ce juste milieu se situe entre deux sectes : celle des Kharidjites et celle des Mourdji'as.

 

La première secte déclare mécréants les musulmans commettant des péchés majeurs et les vouent au feu éternel de l’enfer. Elle les juge sans foi aucune et prétend qu’ils ne bénéficieront d’aucune intercession en leur faveur le jour du Jugement Dernier. Les Moutazilites les rejoignent en ces points sauf qu’ils jugent ceux qui commettent des péchés majeurs comme étant dans une position intermé­diaire entre les croyants et les mécréants. Pour eux, ils ne font partie ni des uns ni des autres, et seront voués au feu éternel de l’enfer, mais leur châtiment sera moindre à celui des mécréants.

 

 

La deuxième secte déclare, quant à elle, que tout péché ne saurait altérer la foi, de la même façon qu’aucun acte de piété ne saurait profiter à la personne. Ceci signifie, pour les tenants de cette secte, que le fait de commettre des péchés majeurs n’aurait aucun effet sur la foi du croyant qui resterait alors intègre. En conséquence, la foi du pécheur et celle des Prophètes et des pieux seraient pareilles, ne connaissant ni augmentation ni diminution.

 

 

L’anathématisation est un jugement religieux et constitue une prérogative propre à Allah L’anathématisation est considérée - par Ahl Es-Sounna Wal Djamâ`a – comme étant un jugement religieux puisant son essence et sa légitimité des sources de la Charia. En consé­quence, elle ne peut être appliquée qu’en s’appuyant sur les bases de la religion, qui reposent sur le Coran, la Sounna et la compréhension des Pieux Prédécesseurs.

 

Donc, l’anathématisation est un droit propre à Allah dont aucune créature n’en peut disposer.

Il en découle qu’Ahl Es-Sounna Wal Djamâ`a ne portent pas de jugements arbitraires [sur autrui] ; et seuls ceux qui sont anathématisés conformément à un texte du Coran ou de la Sounna sont considérés mécréants à leurs yeux.

 

 

Ils ne jugent donc pas mécréant un musulman pour le simple fait qu’il ait commis un péché ou transgressé à Allah , comme le font les kharidjites. Ils ne déclarent pas non plus sans foi aucune le musulman pervers, et ne le vouent pas au feu éternel de l’enfer comme le prétendent les Moutazilites.

 

Plutôt, la conviction d’Ahl Es-Sounna Wal Djamâ`a vis‑à‑vis des pécheurs de cette nation est qu’ils sont croyants grâce à leur foi ; ceci est d’une part, d’autre part, ils sont pervers ou moins croyants à cause des péchés majeurs qu’ils commettent. Ainsi, ils ne méritent pas d’une façon absolue le nom de « croyant », et ne le déméritent pas non plus d’une façon absolue[1].

 

 

Abou `Outhmâne Es-Sâboûni – رحمه الله - a déclaré : « Ahl Es-Sounna Wal Djamâ`a croient que même si le musulman commet plusieurs péchés, qu’ils soient mineurs ou majeurs, nous ne devons pas l’anathématiser, même s’il meurt avant de se repentir.

 

 

Tant qu’il meurt en ayant le credo de l’Unicité d’Allah et qu’il voue entièrement son adoration à Allah, Il est, alors, remis à la volonté d’Allah. En conséquence, Allah peut lui pardonner et le mener au paradis, sain, sauf et récompensé sans conn­aître le supplice de l’enfer et sans être puni pour les péchés qu’il a portés en fardeau jusqu’au jour de la résurrection. Allah peut aussi, tout au contraire, le punir en lui faisant subir le supplice de l’enfer une certaine période. Mais dans ce cas, ce supplice ne saurait être éternel, et il adviendra un jour où Allah le sortira de l’enfer et l’affranchira pour lui donner pour résidence les jardins des délices de la demeure éternelle »[2].

 

Egalement, Ahl Es-Sounna Wal Djamâ`a n’anathématisent pas leurs an­tagonistes pour le simple fait qu’ils se soient opposés à eux. Leur opinion concernant les soixante-douze sectes de l’Islam qui les opposent est que leur cas est pareil à celui des péch­eurs musulmans commettant des transgressions, qu’elles soient majeures ou mineures ; ils sont traités comme musulmans en ce monde. Dans l’au-delà, ils seront soumis à la volonté d’Allah : s’Il veut, Il leur pardonnera par Sa clémence ; mais s’Il veut aussi, ils seront châtiés confor­mément à Sa suprême justice, puis, fina­lement, ils rejoindront le paradis.

 

 

Ibn Taïmia – رحمه الله - a dit en parlant des kharidjites :

 

« Si ces gens-là dont l’égarement a été établi par les textes et à l’unanimité n’ont pas été anathématisés, bien qu’Allah et son Prophète aient ordonné de les combattre, que dire alors des autres factions qui n’ont pas discerné le bon grain de l’ivraie dans des sujets où même certains plus savants qu’eux ont connu la confusion ? ».

 

 

Il n’est donc pas permis que ces factions se mettent à se juger mécréantes les unes les autres ou s’arrogent le droit de tuer et de prendre les biens de l’autre, quand bien même la faction agressée serait une secte adoptant une ou plusieurs innovations religieuses ; que dire alors du cas où la faction assaillante serait dans un état d’inno­vation similaire ? Il se pourrait même qu’il soit pire. En effet, dans la majorité des cas, les factions agissant ainsi ignorent l’essence de leur divergence »[3].

 

 

Discutant des gens de passions et des innovateurs parmi les soixante-douze sectes, Ibn Taïmia les a considérés comme étant musulmans, et a considéré le châtiment qu’ils encourent comme étant similaire à celui qu’encourent ceux qui commettent des péchés majeurs. Ibn Taïmia est précédé dans son opinion par les Pieux Prédécesseurs et les savants érudits. Il dit : « Ils ne sont pas mécréants et ne sont pas hypocrites non plus mais croyants. Il est, donc, permis d’implorer Allah de leur pardonner et d’être clément envers eux. Et quand un croyant dit :

 

 

رَبَّنَا اغْفِرْ لَنَا وَلِإِخْوَانِنَا الَّذِينَ سَبَقُونَا بِالْإِيمَانِ﴾ [الحشر: 10].

 

 

Le sens du verset :

 

﴾Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu’à nos frères qui nous ont précédés sur le chemin de la foi﴿ [El-Hachr (L’Exode) : 10] il désigne toutes les générations passées de la nation qui ont embrassé cette foi, même si certains d’entre eux se seraient trompés par une mauvaise interprétation, auraient émis des avis contraires à la Sounna, ou auraient transgressé à un moment donné à Allah .

 

Malgré tout, ceux-ci restent des frères l’ayant précédé sur le chemin de la foi ; cela serait valable, bien qu’ils feraient partie des soixante-douze sectes, car toute secte a une multitude de membres qui ne sont pas mécréants, mais ils sont plutôt des musulmans égarés, méritant le châtiment pour leur transgression de la même façon que le mérite le commun des transgresseurs.


D’autre part, le Prophète les a comptés parmi sa nation et ne les a pas qualifiés de mécréants et il n’a pas dit non plus qu’ils seraient éternellement en enfer.

 

 

Tout ceci est un principe très important qu’il convient de respecter »[4].

 

La différence entre les jugements globaux et ceux portés sur des individus précis en ce qui concerne l’anathématisation

 

 

Ahl Es-Sounna Wal Djamâ`a différencient entre le fait de porter des jugements d’anathématisation globaux sur les gens et le fait de désigner une per­sonne précise et l’anathématiser ; ainsi, un acte ou une parole peuvent être, en effet, des choses blasphématoires sans que, nécessairement, celui qui en est l’auteur soit un mécréant.

 

 

Pour franchir le pas, il faudrait être sûr qu’il a pris compte des textes de la révélation qui lui prouvent qu’il a agi gravement et qu’il ne les accepte pas. Il faut aussi éliminer toute mauvaise compréhension éventuelle à laquelle il pourrait s’accrocher ; car toute secte peut formuler des paroles blasphématoires, mais Ahl Es-Sounna Wal Djamâ`a ne vouent pas systématique­ment leurs membres pris individuellement à l’enfers, car il est probable que le châtiment qu’ils encourent par leur atti­tude ne les touche pas finalement, en raison d’une condition nécessaire non réunie, ou d’une circonstance atténuante ou obstructive à l’application du jugement[5].

 

Ils ne jugent donc point mécréant quiconque sans évi­dence et preuve établies par la religion, mais seulement si les conditions suivantes sont réunies :

 

- Les paroles blasphématoires prononcées par l’individu doivent être proférées volontairement, en plein état de con­science et en possession de la pleine volonté.

 

- Que ses paroles impliquent la mécréance, que cela lui soit démontré et que, malgré tout, il ne les renie pas.

 

 

- Que la vérité lui soit éclaircie sans nulle équivoque.

 

Ajouté à ces conditions qui doivent être réunies, citons les éléments dont on doit s’assurer de l’absence, à savoir :

 

 

- La personne ne doit pas être dans un état [au moment de son acte] où sa raison est absente, comme un quelconque état de démence ou d’autres cas similaires.

 

 

- La personne ne doit pas être nouvellement convertie à l’Islam ou dans une situation où elle n’a accès qu’aux fatwas de gens innovateurs en religion qu’elle aurait prises et suivies avec confiance.

 

- Qu’elle n’ait pas eu accès aux textes du Coran et de la Sounna, comme c’est le cas de ceux qui vivent dans des contrées isolées, ou que des hadiths dits Âhâd lui sont transmis mais les a pas jugés authentiques ; ou il ne les a pas compris ; ou il lui sont transmis et les a jugés authentiques et les a compris mais un empêchement est survenu et les a, par conséquent, mal interprétés…etc.

 

La différenciation entre celui qui se trompe et celui qui s’obstine dans l’erreur parmi tous ceux qui exercent leurs efforts pour atteindre la vérité

 

Ahl Es-Sounna Wal Djamâ`a différencient également entre celui ayant fourni les efforts nécessaires pour atteindre la vérité concernant une question et s’est trompé, dans ce cas, il est excusé et son erreur est pardonnée ; et celui qui se serait obstiné dans l’erreur après en avoir pris compte.

 

Ce dernier qui aurait choisi de s’opposer sciem­ment aux textes du Coran et de la Sounna et, par là, de s’opposer au Prophète, de s’en démarquer et de suivre une voie différente de celle des croyants ne peut qu’être attaché à la mécréance et marqué de son sceau !

 

Mais si la personne s’est trompée simplement parce qu’elle a négligé de fournir tous les efforts nécessaires pour atteindre la vérité concernant une question ou a suivi ses passions, elle mérite néanmoins le qualifi­catif de pervers et de pécheur.

 

 

Cheikhs El-Islâm Ibn Taïmia – رحمه الله - a dit dans ce sens :

 

« Les Compagnons du Prophète, ainsi que l’ensemble des savants musulmans, sont unanimes sur le fait que ne mérite pas l’épithète de "mécréant" toute personne ayant proféré des paroles erronées même si elles contredisent clairement la Sounna ; anathématiser toute personne se trompant va à l’encontre du consensus [des savants] »[6].

 

Il a dit aussi en établissant ledit principe : « Quant à l’anathématisation : le juste avis concernant cette question est que tout musulman ayant fourni les efforts néces­saires pour atteindre la vérité en toute question, tout en ayant l’intention sincère de l’atteindre, ne devient pas mécr­éant s’il ne l’atteint pas et sa faute lui sera pardonnée.

 

Mais si, par contre, il se trompe en raison de sa démarcation volontaire de la Sounna à laquelle il se serait opposé sciem­ment, s’éloignant aussi de la voie des croyants, il est alors mécréant. Mais, s’il enfourche ses mauvaises passions et ne fournit pas les efforts nécessaires pour atteindre la vérité, et qu’il se prononce en ignorance du sujet abordé, il est en état de transgression, comme il peut être qualifié de pervers. Il reste possible qu’il ait, dans ce dernier cas, des actions pieuses acceptées par Allah qui prédomine sur ses péchés »[7].

 

En analysant les éléments précédents tirés de la convic­tion d’Ahl Es-Sounna Wal Djamâ`a, il apparaît clairement que leur voie est au juste milieu et est modérée en ce point délicat, de même qu’elle l’est en tous les points relatifs à la croyance musulmane qui a été le champ de l’égare­ment de beaucoup de gens par leur mauvaise compréhension et de tant de nombreux faux pas.

 

Parmi les mérites d’Ahl Es-Sounna Wal Djamâ`a qu’Allah leur a accordés et qui font d’eux le juste milieu modéré, on compte le fait qu’ils n’anathématisent un musulman si le péché commis n’implique pas la mécréance, bien qu’il disent qu’il a tort. Ainsi, les liens de fraternité les liant restent donc pré­servés même en cas de transgression à Allah .

 

Ils ont donc le bon savoir, l’équité et la miséricorde. Ils connaissent la vérité qui ne peut être que conforme à la Sounna et distante de l’innovation religieuse. Ils sont justes envers ceux qui se démarquent de la Sounna, même s’ils leur portent injustice.

 

Ils éprouvent de la clémence et de la compassion envers les créatures, leur veulent le bien et souhaitent qu’elles soient pieuses et bien guidées ; contrairement à ceux qui se laissent glisser facile­ment dans l’anathémisation des gens ; ceux-là sont caractérisés par leur ignorance et leur iniquité. Ainsi, ils ont pris les non mécréants pour des mécréants.

 

À l’opposé, ceux se trouvant à l’autre extrême, celui de la négligence, ont méconnu le sens de la foi ; ils n’ont pas jugé les actes et les paroles de mécr­éance comme tels ; leur ignorance de la réalité de la foi en est la cause.

 

Parmi les raisons du basculement vers la négligence et l’exagération, le fait de ne pas s’appuyer sur le Coran et la Sounna, de mélanger le vrai et le faux, de ne pas distinguer entre ce qui est Sounna et innovation, de laisser libre gré à ses passions, et le fait d’interpréter les textes de façon tordue.

 

Face à tous ceux-là, les véritables croyants furent guidés par Allah vers la voie de la vérité que beaucoup n’ont pas empruntée par Sa suprême volonté. Certes, Il guide celui qui Il veut vers le droit chemin ; celui de la vérité.

 

 

La mise en garde contre le fait de juger mécréant un musulman précis.

 

Les textes coraniques et ceux de la Sounna sont clairs sur ce sujet : la dignité des musulmans et des croyants est protégée, ainsi que leur foi. Ils mettent en garde de façon insistante contre l’anathématisation injuste de tout musulman.

 

 

Allah a dit :

 

 

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا إِذَا ضَرَبْتُمْ فِي سَبِيلِ اللهِ فَتَبَيَّنُوا وَلاَ تَقُولُوا لِمَنْ أَلْقَى إِلَيْكُمُ السَّلاَمَ لَسْتَ مُؤْمِنًا تَبْتَغُونَ عَرَضَ الْحَيَاةِ الدُّنْيَا فَعِنْدَ اللهِ مَغَانِمُ كَثِيرَةٌ كَذَلِكَ كُنْتُمْ مِنْ قَبْلُ فَمَنَّ اللهُ عَلَيْكُمْ فَتَبَيَّنُوا إِنَّ اللهَ كَانَ بِمَا تَعْمَلُونَ خَبِيرًا﴾ [النساء: 94].

 

 

Le sens du verset :

 

 

﴾Ô les croyants ! Lorsque vous sortez pour lutter dans le sentier d’Allah, voyez bien clair (ne vous hâtez pas) et ne dites pas à qui vous adresse le salut (de l’Islam) : « Tu n’es pas croyant », convoitant les biens de la vie d’ici-bas. Or, c’est auprès d’Allah qu’il y a beaucoup de butin. C’est ainsi que vous étiez auparavant ; puis Allah vous a accordé Sa Grâce. Voyez donc bien clair. Allah est, certes, parfaitement Connaisseur de ce que vous faites﴿ [En-Nissâ` (Les Femmes) : 94].

 

 

Il a dit aussi :

 

 

وَالَّذِينَ يُؤْذُونَ الْمُؤْمِنِينَ وَالْمُؤْمِنَاتِ بِغَيْرِ مَا اكْتَسَبُوا فَقَدِ احْتَمَلُوا بُهْتَانًا وَإِثْمًا مُبِينًا﴾ [الأحزاب: 58].

 

Le sens du verset :

 

﴾Et ceux qui offensent les croyants et les croyantes sans qu’ils l’aient mérité se chargent d’une calomnie et d’un péché évident﴿ [El-Ahzâb (Les Coalisés : 58].

 

Le Prophète a déclaré dans ce sens :

 

 

« Si une personne accuse une autre de perversion ou de mécréance sans que celle-ci le soit réellement, l’accusation retombe alors sur la personne accusatrice »[8].

 

 

Il a dit aussi :

 

« Le fait de maudire un musulman équivaut à son meurtre, ainsi que le fait de l’accuser de mécréance »[9].

 

Et si le fait d’accuser de mécréance un musulman par volonté de l’insulter uniquement est équivalent à son meurtre, que dire du cas où ceci est perpétré par conviction religieuse ?

 

Ibn Taïmia a dit : « Cela est, sans doute, plus grave ; car, tout mécréant est permis de le tuer, alors que toute personne méritant la mort n’est pas forcément mécréante »[10].

D’autre part, accuser un musulman injustement de mé­créance revient à attaquer la foi elle-même.

 

Et si entretenir de mauvaises intentions envers un musulman est illicite, que pourrait-on dire de son anathématisation ?!

 

La gravité de l’anathématisation du musulman.

 

 

 

Il est donc impératif pour le musulman de ne point aborder ce sujet sensible et sérieux sans être doté d’un important bagage de savoir religieux.

 

 

Ech-Chawkâni – رحمه الله - a dit :

 

« Sachez qu’il ne convient à aucun musulman de juger un autre apostat ou étranger à la sphère des musulmans sans avoir de preuves encore plus claires que la lumière du jour elle-même. En effet, des hadiths authentiques rapportés par nombre de Compagnons déclarent : « Lorsqu’un musulman dit à son frère : Ô mécréant, l’un d’eux mérite alors assu­rément cette apostrophe »[11]»[12].

 

 

Il n’est pas permis également d’anathématiser un musulman au gré des passions ou parce que « la raison le dicte », et ce n’est pas parce qu’il va à l’encontre des règles ou d’implications rationnelles que le musulman devient apostat, car étant donné que ce jugement est religieux, il est impératif de ne l’émettre qu’en se référant aux textes religieux uniquement.

 

 

Ibn Taïmia – رحمه الله - a dit :

 

 

« Le fait de juger quiconque mécréant est un jugement religieux et il n’est pas juste de juger quiconque mécréant sous prétexte qu’il a contrarié ou renié ce qui semble dérai­sonnable de contrarier et de renier. Et même dans ce cas, on ne peut le juger apostat que dans le cas où sa parole est jugée comme étant une apostasie par la religion »[13].

 

Les retombées de l’anathématisation sont graves et lourdes de conséquences. Celle-ci entraîne des calamités et des afflictions ; la personne sur laquelle elle s’abat voit le respect de ses biens et de son corps disparaître, ses éventuels liens conjugaux rompus, les droits d’héritage des biens de ses proches, ainsi que ceux de ses proches à hériter ses biens annulés ; il n’est plus permis, aussi, de pratiquer la prière funéraire en sa faveur s’il meurt et, enfin, il ne pourra pas être enterré dans un cimetière musulman.

 

 

Allah a dit :

 

 

وَلَا تَقْفُ مَا لَيْسَ لَكَ بِهِ عِلْمٌ إِنَّ السَّمْعَ وَالْبَصَرَ وَالْفُؤَادَ كُلُّ أُولَئِكَ كَانَ عَنْهُ مَسْئُولًا﴾ [الإسراء: 36].

 

 

 

 

Ce qui signifie :

 

 

﴾Et ne poursuis pas ce dont tu n’as aucune connaiss­ance. L’ouïe, la vue et le cœur : sur tout cela, en vérité, on sera interrogé﴿ [El-Isrâ' (Le Voyage Nocturne) : 36].

 

Nous devons éviter le mal, se rapprocher du bien et œuvrer pour qu’il se réalise. Nous devons également suivre la voie de la foi et nous y agripper, car c’est en elle que réside la victoire au Jour Dernier, et non pas en suivant les chemins de passions ; ce n’est pas par des artifices de solu­tions, ni par des paroles emphatiques donnant de faux app­arats, ou encore par de vagues souhaits que l’on n’y accède, mais par l’adhésion à la claire révélation faite par Allah , qui est, en effet, un parfait guide et un droit chemin.

 

 

Allah a dit :

 

 

وَكَذَلِكَ أَوْحَيْنَا إِلَيْكَ رُوحًا مِنْ أَمْرِنَا مَا كُنْتَ تَدْرِي مَا الْكِتَابُ وَلَا الْإِيمَانُ وَلَكِنْ جَعَلْنَاهُ نُورًا نَهْدِي بِهِ مَنْ نَشَاءُ مِنْ عِبَادِنَا وَإِنَّكَ لَتَهْدِي إِلَى صِرَاطٍ مُسْتَقِيمٍ. صِرَاطِ اللهِ الَّذِي لَهُ مَا فِي السَّمَاوَاتِ وَمَا فِي الْأَرْضِ أَلَا إِلَى اللَّهِ تَصِيرُ الْأُمُورُ﴾ [الشورى: 52-53].

 

 

 

Le sens du verset :

 

 

﴾Et c’est ainsi que Nous t’avons révélé un esprit [le Coran] provenant de Notre ordre. Tu n’avais aucune conn­aissance du Livre ni de la foi ; mais Nous en avons fait une lumière par laquelle Nous guidons qui Nous voulons parmi Nos serviteurs.

 

 

 

Et en vérité tu guides vers un chemin droit, le chemin d’Allah à Qui appartient ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre. Oui c’est à Allah que s’acheminent toutes les choses﴿ [Ech-Choûra (La Consultation) : 52 et 53].

 

Notre dernière invocation est qu'Allah, Seigneur des Mondes, soit Loué et que prière et salut soient sur notre Prophète, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu'au Jour de la Résurrection.


 

[1] Voir : « Madjmoû` El-Fatâwa » d’Ibn Taïmia (3/151-152) et « Charh El-`Aqîda Et-Tahâwiya » (316-369) d’Ibn Abou El-`Iz.

 

 

[2] Voir : « `Aqîdat Es-Salaf As’hâb El-Hadîth » (71-72) d’Es-Sâboûni.

 

 

[3] Voir : « Madjmoû` El-Fatâwa » d’Ibn Taïmia (3/282-283). Voir aussi l’établissement de la conviction d’Ahl Es-Sounna Wal Djamâ`a concernant cette question dans la référence précédente (3/348 et ce qui vient après) (7/217-218).

 

 

[4] Voir : « Minhâdj Es-Sounna » d’Ibn Taïmia (5/240-241).

 

 

Je dis : les membres des soixante-douze sectes qui ont des erreurs par rapport à la conviction originelle appartiennent à la communauté musulmane; mais à condition que leurs convictions intérieures réelles ne dissimulent pas le rejet de la Sounna du Prophète , ou la négation du Créateur, ou le refus de se référer aux prescriptions de la religion révélée au Prophète ou, enfin, la non-reconnaissance des obligations religieuses.

 

 

Et s’il s’avérait, par l’étude de l’origine de l’apparition d’une secte, qu’elle dissimule en fait la mécréance et l’annulation de la religion ou autre, et que ceci soit apparent dans les paroles de leurs maîtres à penser, ou sous-entendu dans leurs déclarations, ces sectes ne pourraient en aucun cas faire partie de la nation musulmane, mais y seraient étrangères.

 

C’est par ces critères que le jugement des sectes et factions peut être établis et précis.

 

 

 

[5] Voir : « Madjmoû` El-Fatâwa » (10/370-372) (35/165-166) d’Ibn Taïmia.

 

 

[6] Voir : « Madjmoû` El-Fatâwa » (7/685).

 

 

[7] Voir : « Madjmoû` El-Fatâwa » (12/180).

 

 

 

[8] Rapporté par El-Boukhâri, chapitre de « La bienséance » (10/464), concernant l’interdiction des insultes et de la malédiction, par l’intermédiaire d’Abou Dhar El-Ghifâri .

 

 

[9] Rapporté par El-Boukhâri, chapitre de « La bienséance » (10/465), concernant l’interdiction des insultes et de la malédiction, par l’intermédiaire Thâbit Ibn Edh-Dhahhâk .

 

 

[10] Voir : « El-Istiqâma » d’Ibn Taïmia (1/165-166).

 

 

[11] Rapporté par Mouslim, chapitre de « La foi » (2/49), du fait de dire au musulman : « Ô mécréant », par l’intermédiaire d’Ibn `Omar .

 

 

[12] Voir : « Es-Sayl El-Djarrâr » d’Ech-Chawkâni (4/478).

 

 

[13] Voir : « Madjmoû` El-Fatâwa » d’Ibn Taïmia (12/525).

 

 

 

Source :

 

 

http://www.ferkous.com

 

 

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