La calomnie est souvent à l'origine de la jalousie qui est souvent à l'origine de la suspicion

Après avoir interdit de s’élargir dans les suspicions, le Seigneur a logiquement interdit d’espionner autrui en disant :

 

(ne vous épiez pas et ne médisez pas les uns sur les autres ; plairait-il à l’un d’entre vous de manger la chair du cadavre de son frère ; cela vous serait plutôt répugnant alors craignez Dieu et sachez qu’Allah est Absoluteur et Tout Miséricordieux) :

 

Selon e-Shawkânî épier quelqu’un c’est chercher à découvrir les défauts qu’il cache et à avoir accès à la vie privée des musulmans en général. Allah (I) a formellement interdit ce comportement. La majorité des grands lecteurs lisent Tajassasû avec un Jim (chercher à connaître les secrets des autres), tandis qu’el Hasan, Abû Rajâ, et ibn Sirîn lisent Tahassasû avec un Ha (chercher à connaître les nouvelles). Pour el Baghawî, épier les gens consiste à chercher à connaître leurs défauts. Allah (I) interdit d’enquêter sur la vie privée des gens et de s’ingérer dans leur intimité, afin de ne pas dévoiler au grand jour ce qu’Allah a dissimulé.[1]

 

Selon ibn ‘Omar (t), le Prophète (r) a déclaré : « Vous qui croyez du bout des lèvres mais dont la foi n’a pas imprégné le cœur ! Ne faites pas de la médisance sur le dos des musulmans et ne vous ingérer pas dans leur vie privée. Allah s’ingère dans la vie privée de quiconque s’ingère dans la vie privée des musulmans au point de trahir les actions qu’il tient cacher au cœur de son foyer. »[2]

 

Or, il est certifié d’après le recueil e-Sahîh, qu’il (r) a dit également : « Ne vous épiez pas, ne cherchez pas à connaître les rumeurs, ne vous haïssez pas, et ne complotez pas les uns contre les autres. Soyez plutôt des frères ô serviteurs d’Allah ! » El Awzâ’î nous apprend que le Tajassus consiste à chercher à connaître une chose tandis que le Tahassus consiste à écouter les personnes à leur insu ou à écouter aux portes.[3]

 

Selon Abû Huraïra (t), le Messager d’Allah (r) a déclaré :

 

« Méfiez-vous de la suspicion car la suspicion est le pire des mensonges. Ne vous épiez pas, ne suivez pas les rumeurs, ne vous rivalisez pas, ne vous enviez pas, ne vous haïssez pas les uns les autres, et ne complotez pas les uns contre les autres. Soyez plutôt des frères ô serviteurs d’Allah ! Comme Il vous l’a imposé. Le musulman est le frère du musulman ; il n’est pas injuste envers lui, il ne le trahit pas, et il ne le méprise pas. La piété est ici, la piété est ici en désignant sa poitrine. Il suffit pour faire du mal de mépriser son frère musulman. Le musulman dans son intégralité est sacré pour son frère ; au niveau de son sang, de ses biens, et de son honneur. Allah ne regarde pas vos apparences et vos formes mais Il regarde plutôt vos cœurs et vos actes » [4]

 

Selon Mu’âwiya (t), j’ai entendu dire le Messager d’Allah (r) : « Si tu cherches après la vie privée des musulmans tu vas les corrompre ou bien a-t-il dit tu risques de les corrompre. »[5]

 

Toujours selon Mu’âwiya, j’ai entendu dire le Messager d’Allah (r) : « Si tu cherches à suspecter les gens tu vas les corrompre. » Ainsi, je ne cherche pas à les suspecter pour ne pas les corrompre.[6] Selon ‘Âicha, le Prophète (r) a déclaré : « Ne tenez pas rigueur des erreurs venant des personnes respectables. »[7]

 

Autrement dit, si vous les suspectez d’avoir commis une chose et si vous affichez en public un mauvais sentiment à leur égard, elles risquent de commettre réellement ce dont elles furent suspectées et de se corrompre ainsi. Dans ce registre, d’après Muslim, le Prophète (r) a interdit de rentrer chez soi au cœur de la nuit pour épier sa femme ou la trouver dans une mauvaise posture. [8]

 

Les personnes respectables sont valorisées par l’estime et la considération générale et elles ne sont pas connues pour faire du mal.

 

Ainsi, le Seigneur (I) interdit de s’ingérer dans l’intimité des musulmans et de rechercher leurs défauts. Une telle attitude en effet porte atteinte à la vie privée des gens désireux de cacher leurs points faibles. Par ailleurs, Il interdit de se rivaliser et de s’abuser les uns les autres dans les transactions commerciales, tout comme il interdit la suspicion qui est une forme de mensonge, elle en est même la pire.

 

Il a interdit notamment d’épier les gens et de s’enquérir des rumeurs. Si l’on se fait une mauvaise opinion de son frère, il n’est pas décent de demander après ses nouvelles. En fait, Allah bannit l’injustice dans toutes ses formes. Il a en outre prohibé la jalousie, la haine, et le mépris à l’encontre des musulmans. Il a sévèrement mis en garde de porter atteinte à l’honneur, aux biens, et au sang de son prochain.

 

La jalousie

 

Selon Abû Huraîra : « Le croyant est le miroir de son frère ; s’il voit un défaut en lui il le lui corrige. »[9] Ibn Battâl relate que la haine et la jalousie sont à l’origine des suspicions car on a tendance selon ibn e-Tîn a interprété en mal tous les agissements de la personne que l’on déteste ou que l’on envie. L’auteur de Fath el Bârî nous apprend que la personne jalouse désire ardemment voir s’évaporer un bienfait dont peut jouir autrui.

 

La jalousie a donc un sens plus général que le fait de veiller personnellement à faire disparaître ce bienfait en question ; une telle attitude relève plutôt de la persécution ou du harcèlement.

 

Dans le cas où la personne jalouse n’affiche pas son animosité ou ne cherche pas à envenimer les relations, en sachant que la religion condamne le sentiment de haine éprouvé envers son frère, il faut ici en chercher la raison : soit elle en fut incapable de sorte que si elle en avait eu les moyens elle ne se serait pas gênée pour le faire, auquel cas celle-ci est condamnable ; soit elle fut motivé par la crainte d’Allah, auquel cas elle est susceptible de recevoir Son pardon.

 

Si elle ne peut refouler ses mauvaises pensées, elle a tout au moins le mérite de ne pas les concrétiser.

 

D’après ‘Abd e-Razzâq, selon Ma’mar, selon Isma’îl ibn Umaïya, avec un Hadith remontant au Prophète (r) : « Personne n’est épargné par trois choses : le mauvais augure, la suspicion, et la jalousie.

 

- Que faut-il faire alors cher Messager d’Allah ?

 

- Si tu pressens un mauvais augure ne revient pas sur tes pas, si tu as quelques suspicions ne cherche - pas à le vérifier, et si tu éprouves de la jalousie tu ne dois harceler personne. »[10]

 

Harceler signifie persécuter ou opprimer quelqu’un à travers le vol, le mensonge, la calomnie, et en lui cherchant préjudice en premier. Selon Hasan el Basrî aucun être humain n’est épargné par la jalousie ; s’il ne fait pas suivre ce sentiment par le harcèlement et l’injustice c’est sans conséquence.

 

Elle consiste à souhaiter la disparition d’un bienfait dont jouit une personne que ce soit dans le domaine spirituel ou matériel.[11]

 

Selon Abû Huraïra (t), le Prophète (r) a dit : « Méfiez-vous de la jalousie car elle dévore les bonnes actions comme le feu dévore le bois ou a-t-il dit l’herbe tendre. »[12]

 

Il n’est donc pas permis aux musulmans de se détester entre eux pour des raisons personnelles bien qu’il incombe de détester en Dieu. Allah a établi un lien de fraternité entre les membres de Sa religion ; être des frères implique de s’aimer les uns les autres et de ne pas se haïr.

 

C’est pourquoi, Il a interdit les moyens à l’origine des dissensions comme la calomnie, la médisance, la jalousie, et comme souhaiter le mal à autrui. La jalousie est inhérente à l’être humain ; autrement dit l’homme n’aime pas se sentir inférieur à un autre membre de son espèce au niveau des différents mérites : il existe ainsi trois catégories d’individus.

 

- Certains ambitionnent de faire disparaître les bienfaits dont jouit la personne que l’on envie, en la harcelant par la parole ou les actes.

 

- D’autres veulent simplement se procurer ce bienfait en question.

 

- D’autres enfin aspirent à voir disparaître ce bienfait sans pour autant ressentir le besoin de se le procurer.

 

La dernière catégorie est la pire des trois ; elle est la forme de jalousie par excellence que la religion condamne. C’est exactement cette forme de jalousie qu’Iblis a ressenti envers Adam après avoir constaté sa supériorité par rapport aux anges. Allah en effet l’a créé de Ses propres Mains, Il a ordonné aux anges de se prosterner devant lui, Il lui a fait connaître l’appellation de toute chose, et Il l’a installé auprès de Lui. Dès lors, Satan a mis tous les moyens en œuvre pour faire sortir avec succès, le père des hommes du Paradis.[13]

 

Le prophète (r) a dit dans un Hadith considéré bon :

 

« La jalousie et la haine étaient les fléaux des civilisations passées. La haine rase tout sur son passage ; je ne parle pas des cheveux mais je parle de la religion. Par Celui qui détient l’âme de Mohammed entre Ses Mains ! Vous ne serez pas véritablement des croyants si vous ne vous aimez pas. Voulez-vous que je vous informe de quelle façon y parvenir ? Vous n’avez qu’à répandre le salut entre vous. »[14]

 

Il incombe donc au musulman d’aimer et de se faire aimer par ses frères par tous les moyens légitimes. Il doit éviter tout comportement susceptible de nuire à son prochain. Par rapport à ce principe, la religion interdit de couper les liens entre les membres de la communauté.[15]

 

Ainsi, de nombreux textes expriment qu’il est inadmissible de tourner le dos à son frère. Selon Abû Huraïra (t), le Messager d’Allah (r) a déclaré : « Les portes du Paradis s’ouvrent le lundi et le jeudi. À cette occasion, il est pardonné à quiconque n’associe personne à Allah dans le culte, sauf à deux personnes qui ont une rancune l’une envers l’autre, et contre lesquels il est dit : Attendez que ces deux-là se réconcilient ! Attendez que ces deux-là se réconcilient ! »[16]

 

Attendez a le sens dans ce Hadith de retardez. La rancune est ainsi très sévèrement condamnée étant donné qu’elle est ici liée à l’association que seul le repentir peut effacer.

 

La médisance

 

(et ne médisez pas les uns sur les autres ; plairait-il à l’un d’entre vous de manger la chair du cadavre de son frère ; cela vous serait plutôt répugnant) : Selon Abû Huraïra, quelqu’un demanda : « Cher Messager d’Allah ! Qu’est-ce que la médisance ?

 

- C’est de dire sur ton frère ce qui lui déplait.

 

- Vois-tu, si je dis la vérité sur lui ?

 

- Si tu dis la vérité sur lui, tu auras médis contre lui mais si tu ne dis pas la vérité, tu l’auras alors calomnié. »[17]

 

La calomnie consiste à proférer des propos mensongers à l’encontre de quelqu’un. Selon Jâbir ibn ‘Abd Allah, nous avons senti une odeur répugnante en présence du Messager d’Allah (r). Dès lors, il s’est exclamé : « Vous savez quelle est cette odeur ? C’est l’odeur de ceux qui médissent sur les musulmans. »[18]

 

Il n’est pas toléré à l’unanimité des savants de la part de qui que ce soit de médire à l’encontre de qui que ce soit parmi les musulmans.[19]

 

La médisance correspond donc à dire du mal de son frère mais si on y ajoute du mensonge, cela devient de la calomnie. Etant donné que la médisance se fait généralement dans le dos de la personne, celle-ci est comparable à un cadavre qui est dans l’impossibilité de se défendre. Par ailleurs, la personne victime de la médisance n’est pas au courant de ce qu’on dit dans son dos.

 

En cela, elle est aussi comparable à un mort dont la chaire est mangée à son insu. Selon Ibn el Athîr, quoi qu’on puisse dire en mal sur le dos de son frère c’est de la médisance même si l’on vient à dire la vérité. Ainsi, il est aussi interdit d’entacher l’honneur d’une personne que de manger sa chaire. E-Nawawî nous explique :

 

« La médisance correspond à dire du mal de quelqu’un au sujet de son corps, sa religion, sa vie matérielle, sa personne, son physique, son comportement, ses biens, son père, sa femme, son serviteur, son habit, son allure, et ses humeurs, etc. que ce soit verbalement, par geste, ou par allusion. »[20]

 

El Karmânî précise que la médisance consiste à parler sur quelqu’un par derrière concernant des choses qu’il ne lui plairait pas d’entendre bien qu’elles soient éventuellement vraies.[21]

 

D’après un Hadith qu’Abû Huraïra fait remonter au Prophète (r) : « Il sera demandé le Jour de la Résurrection à quiconque commet de la médisance sur terre de s’avancer pour entendre au sujet de sa victime : mange de son cadavre comme tu as mangé sa chaire de son vivant. Dès lors, il va le manger avec répugnance en poussant des cris. »[22] Selon ibn Mas’ûd : « La pire bouchée que l’on peut avaler, c’est de médire sur le dos du croyant. »[23]

 

Selon Abû Bakra (t), le Messager d’Allah a déclaré dans son sermon le jour du sacrifice à Mina, au cours du Pèlerinage de l’Adieu :

 

« Votre sang, vos biens, et votre honneur vous sont aussi sacrés que cette terre, en ce jour, et en ce mois. Ai-je bien transmis le message ? »[24]

 

L’honneur c’est un sentiment de fierté que la personne éprouve vis-à-vis d’elle-même ou de ses ancêtres.

 

Evoquer une anomalie physique comme le fait d’être aveugle, boiteux, petit de taille, etc. est une forme de médisance. Dans ce registre, il y a le fait d’évoquer les défauts concernant la probité religieuse en disant par exemple sur d’autrui qu’il est pervers, injuste, qu’il néglige la prière, qu’il n’arrête pas de faire de la médisance… au niveau des affaires mondaines, cela consiste à dire qu’il n’est pas éduqué, qu’il négligent les gens, ou qu’il parle beaucoup… au niveau des mœurs, cela consiste à dire qu’il a un mauvais comportement, qu’il est orgueilleux, qu’il est faible… le critère pour définir la médisance illégitime correspond à toute parole ou acte qui laisse entrevoir un défaut chez un musulman.

 

‘Amr ibn el ‘As est passé à la tête d’un groupe devant la dépouille d’une mule qui avait déjà gonflée. Il s’est dès lors écrié : « Par Allah ! Il vaut mieux pour l’un d’entre vous de remplir son ventre de cette dépouille que de manger la chair de son frère. »[25] Selon Anas (t), le Messager d’Allah (r) a affirmé : « Au cours de mon Ascension, je suis passé devant des gens qui avaient des ongles en argent avec lesquels ils se griffaient le visage et le corps. J’ai alors demandé : Jibrîl ! Qui sont ces gens ?

 

- Ces gens-là mangeaient la chaire des autres et entachaient leur honneur. »[26]

 

Il faut savoir qu’il n’est pas seulement interdit de faire de la médisance mais qu’il n’est pas permis non plus de tendre l’oreille à des paroles médisantes et de les approuver. Il incombe à chacun d’interdire à quiconque de se lancer dans une telle conversation dans la mesure bien sûr où il ne court aucun risque.

 

Au pire, il doit quitter l’assemblée dans laquelle plane la médisance à défaut de ne pouvoir condamner ou de changer la conversation. En outre, s’il veille à interrompre le discours alors qu’au fond de lui-même il est avide d’en savoir plus, il fait ainsi preuve d’hypocrisie ; s’il veut échapper au péché il doit également condamner la médisance du fond du cœur.

 

Selon el Qâsim ibn ‘Abd e-Rahmân e-Shâmî, j’ai entendu dire Um ‘Abd Allah :

 

« Si quelqu’un défend son frère sur lequel on a médit, Allah lui rendra en bien sur terre et dans l’Au-delà. Mais s’il ne défend pas son frère, Allah lui rendra en mal sur terre et dans l’Au-delà. La pire bouchée que l’on peut avaler, c’est de médire sur le dos du croyant. Si les paroles portent sur des choses que l’on connaît, c’est faire de la médisance ; mais si elles portent sur des choses dont on n’a aucune connaissance, c’est de la vulgaire calomnie. »[27]

 

Pour el Karmânî, la médisance est une forme de Namîma [28] car si la personne critiquée vient à entendre ce qu’on dit sur elle, elle en sera affligée ; le but de ces paroles étant de dégrader les relations entre les gens.[29]

 

La calomnie

 

Selon Ya’lâ ibn Shabâba, en passant devant une tombe dont l’occupant se faisait châtié, le Prophète (r) s’est exclamé : « Cet homme mangeait la chaire des gens. » Il a ensuite demandé qu’on lui apporte une tige fraîche, etc.[30] manger la chaire de son prochain est valable tant pour la Namîma que pour la médisance ; tous deux relèvent des grands péchés. Ibn Hibbân a authentifié l’une des versions du Hadith d’Abû Huraïra avec l’énoncée suivante :

 

« L’autre portait atteinte au gens avec sa langue, en semant entre eux la discorde. » Dans ce registre, selon Hudhaïfa, j’ai entendu dire le Prophète (r) :

 

« Le calomniateur (Qattat) n’entrera pas au Paradis. »[31] Qattat est synonyme de Nammâm. Certains savants émettent pourtant une nuance entre les deux termes. Pour certains en effet le Nammâm est le témoin de ce qu’il colporte tandis que le Qattat se contente de colporter la rumeur.[32]

 

Si quelqu’un vient à attendre des propos qui l’affligent, il ne doit pas y croire et il ne doit pas se faire une mauvaise opinion de l’auteur présumé de ces paroles. Il ne doit pas non plus chercher à vérifier si les critiques en question ont une origine. Il doit plutôt empêcher son interlocuteur de lui rapporter de telles choses, le condamner, et éventuellement éprouver de l’antipathie envers lui s’il ne se remet pas en question.

 

Il doit veiller surtout à ne pas tomber dans le même piège que son « bourreau » en devenant Nammâm à son tour contre lui. À l’origine, la Namîma consiste à rapporter l’affaire à la personne atteinte dans sa vie privée ou à une autre ; cette atteinte se fait par la parole mais aussi par les actes. La Namîma n’impose pas que l’on rapporte uniquement les critiques. Par exemple, si l’on divulgue qu’une personne a de l’argent alors qu’elle veille à le cacher, c’est une forme de Namîma.[33]

 

La Namîma consiste donc à colporter les paroles entre les gens en veillant à les orner de mensonges dans le but de semer entre eux la discorde.

 

En fait, le rapporteur n’arrive pas à tenir sa langue soit par faiblesse soit par méchanceté. Il y avait de nombreuses façons de qualifier le calomniateur chez les arabes (Qattat, Qassâs, Darrâj, Ghammâz, Hammâz, Mâis, Mammâs).

 

Dans la langue arabe, la Namîma est un nom générique pour désigner le mal dans le sens où elle est stérile (sans intérêt) et où elle ne génère aucun bien.

 

Allah (I) révèle : (railleur et colporteur de la calomnie)[34] : ce Verset condamne le calomniateur qui sème la discorde entre les gens en rapportant les critiques faites les uns sur les autres dans le but de dégrader les relations.[35] Selon Hudhaïfa, le Messager d’Allah (r) a dit : « Le Nammâm n’entrera pas au Paradis. »[36] Quiconque autorise moralement la calomnie n’entrera pas au Paradis, sinon en règle général le calomniateur est soumis à la Volonté divine ; soit le Seigneur le châtie soit Il lui pardonne. Quoi qu’il en soit il incombe de détester le calomniateur étant donné qu’Allah le déteste.

 

Selon ibn Mas’ûd (t), le Prophète (r) a déclaré : « Vous dirais-je qu’est-ce que la ‘Adha ? C’est la Namîma ; le commérage. »[37] ‘Adha signifie le mensonge et la calomnie, et le commérage correspond aux bavardages qui installent la dispute entre les gens. Le Prophète (r) a dit également : « Savez-vous qu’est-ce que le ‘Adha ?

 

- Allah et Son Messager le savent mieux ont répondu les Compagnons.

 

- C’est de colporter les rumeurs entre les gens dans le but de semer entre eux la discorde.»[38]

 

Selon Asmâ bint Yazîd, le Prophète (r) a dit : « Vous dirais-je qui sont les meilleurs d’entre vous ?

»[39]

 

L’embarras signifie : la peine, la corruption, la ruine, le péché, l’erreur, l’adultère… le Hadith englobe tous ces sens à la fois. Au regard de ces différents textes, il incombe de ne pas se mêler de la vie privée du musulman et encore moins de colporter les nouvelles si l’on sait qu’une telle attitude porte en elle les graines de la discorde, de la haine, et de la rancune ; et si l’on sait que l’âme est encline à faire le mal, à l’exception de celles qu’Allah a épargné par Sa Miséricorde. Le Prophète (r) a dit enfin :

 

« Allah (Y) m’a révélé : soyez humbles et ne vous acharnez pas les uns contre les autres. »[40]

 

(et craignez Dieu) : sur ce qu’Il vous a ordonné et interdit, alors contenez-vous et craignez-Le. (sachez qu’Allah est Absoluteur et Tout Miséricordieux) :

 

Allah est absoluteur envers ceux qui réclame Son pardon, miséricordieux envers ceux qui reviennent et s’en remettent à Lui. La personne médisante et repentante doit renoncer à ce comportement et avoir la vive résolution de ne plus sombrer dans ce péché.

 

Elle doit veiller à se faire pardonner auprès de sa victime dans la mesure où elle ne risque aucun préjudice ni aucun danger. Pour réparer son erreur, elle doit dire du bien de celle-ci dans les différentes assemblées dans lesquelles elle fut l’objet de ses critiques.

 

Elle doit rendre le mal par le bien dans la mesure du possible conformément au Hadith rapporté par l’Imam Ahmed, selon lequel le Prophète (r) a dit :

 

« Le Jour de la Résurrection, Allah (I) envoie un ange pour protéger des flammes de l’Enfer, quiconque défend un croyant sur terre contre la mauvaise langue d’un hypocrite. Allah (I) retient sur le Pont jeté au-dessus de la Géhenne quiconque accuse le croyant d’une chose dans l’intention de l’injurier, jusqu’à ce qu’il revienne sur ses paroles. »[41]

 

Selon Jâbir ibn ‘Abd Allah (t) et Abû Talha ibn Sahl el Ansârî (t), le Messager d’Allah (r) a déclaré : « Allah (I) abandonne dans une situation où Sa défense est sollicitée quiconque abandonne un musulman dans la situation où son honneur est entamé et méprisé. Allah (I) défend dans une situation où Sa défense est sollicitée quiconque défend un musulman dans la situation où son honneur est entamé et méprisé. »[42]

 

Toute personne responsable doit veiller à parler uniquement si l’intérêt s’en fait ressentir, sinon elle risque de glisser vers des paroles illégitimes ou pour le moins déconseillées, comme malheureusement le démontre trop souvent la réalité. Pourtant, la sécurité n’a pas de prix !

[1] Voir : Fath el Qadîr.

[2] Voir : Sahîh Sunan Abî Dâwûd (4880) et Sahîh e-Targhîb wa e-Tarhîb (2/589).

[3] Voir : Tafsîr ibn Kathîr.

[4] Voir : Sahîh e-Targhîb wa e-Tarhîb (2885).

[5] Hadith authentique ; voir : Sahîh e-Targhîb wa e-Tarhîb (2342).

[6] Hadith authentique ; voir : el Adab el Mufrad.

[7] Voir : Silsilat el Ahâdîth e-Sahîha (638).

[8] Voir : el Adab el Mufrad (93).

[9] Hadith dont la chaîne narrative est considérée bonne, voir : el Adab el Mufrad (93).

[10] Voir : Fath el Bârî d’ibn Hajar el ‘Asqalânî (10/482).

[11] Voir : Fath el Bârî (10/482).

[12] Rapporté par Abû Dâwûd. Sheïkh el Albânî l’a considéré faible dans Dha’îf el Jâmi’ (2197).

[13] Voir : Jâmi’ el ‘Ulûm wa el Hikam d’ibn Rajab (p. 327).

[14] Sheïkh el Albânî l’a considéré bon en regard des autres Hadiths venant le consolider ; voir : Sahîh e-Targhîb wa e-Tarhîb (2695).

[15] Il existe cependant des cas où la Loi prévoit de prendre certaines mesures préventives ou dissuasives en coupant les liens avec certains individus. L’exclusion (ou le Hajr) est toutefois soumise à certains critères qu’il faut considérer le cas échéant. Voir : Mawqif al e-Sunna wa el Jamâ’a min Ahl el Bida’ de Sheïkh Ibrahim e-Ruhaïli.

[16] Rapporté par Muslim (2565) ; voir : el Adab el Mufrad (411).

[17] Hadith bon et authentique ; il est rapporté par Muslim (6536).

[18] Hadith considéré bon ; voir el Adab el Mufrad (252).

[19] Il est toutefois autorisé d’outrepasser cette règle dans certains cas. Certains savants comme e-NAwawî en ont recensé six. Voir : Manhaj Ahl e-Sunna wa el Jamâ’a fî Naqd e-Rijâl wa e-Tawâif de Sheïkh Rabî’ ibn Hâdî el Madkhalî.

[20] Voir : Sharh Sahîh Muslim d’e-Nawâwî (8/387).

[21] Voir : Fath el Bârî (10/470).

[22] Hadith dont la chaîne narrative est bonne selon ibn Hajar el ‘Asqalânî dans Fath el Bârî (10/470). D’autres spécialistes à l’exemple de Sheïkh el Albânî l’ont considérée faible.

[23] Voir : Fath el Bârî (10/470).

[24] Rapporté par el Bukhârî et Muslim, voir : Sahîh e-Targhîb wa e-Tarhîb (2828).

[25] Hadith dont la chaîne narrative est authentique. Voir : el Adab el Mufrad (253).

[26] Hadith authentique. Voir : Sahîh e-Targhîb wa e-Tarhîb (2839).

[27] Hadith authentique. Voir : el Adab el Mufrad (253).

[28] Qui consiste à répandre des propos mensonger dans le but de semer la discorde entre les gens.

[29] Voir : Fath el Bârî (10/470).

[30] Voir : Fath el Bârî (10/471).

[31] Rapporté par el Bukhârî (5709) et Muslim (287).

[32] Idem. (10/473).

[33] Idem. (10/473).

[34] La plume ; 11

[35] Voir : Fath el Bârî (10/472).

[36] Rapporté par Muslim (282).

[37] Voir : Sahîh el Jâmi’ (2630).

[38] Hadith authentique ; voir : Silsilat el Ahâdîth e-Sahîha (845).

[39] Hadith considéré bon ; voir : Silsilat el Ahâdîth e-Sahîha (1646).

[40] Hadith authentique ; Silsilat el Ahâdîth e-Sahîha (570).

[41] Rapporté par Abû Dawûd, Sheïkh el Albânî l’a considéré bon.

[42] Rapporté par Abû Dawûd ; voir : Tafsîr ibn Kathîr.

Source :

 

http://mizab.over-blog.com

Tag(s) : #Bon Comportement
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :