Cheikh Abdul Aziz ibn Baz (qu'Allah lui fasse miséricorde)



Question :


Nous entendons des gens dire : « Au secours, ô Messager d’Allah » ou « Au secours, ô Prophète d’Allah », quel est le statut de ce genre d’appel ?


Réponse :


Cette parole relève du polythéisme majeur et signifie qu’on adresse une demande de secours au Prophète d’Allah. Les savants parmi les Compagnons du Prophète –Qu’Allah soit satisfait d’eux- et ceux qui les ont suivis parmi les savants de la Sounna sont unanimes pour dire que demander le secours aux morts (même si ce sont des Prophètes), à des absents (comme les Anges, les djinns, etc.) ou à des idoles, (Comme les pierres, les arbres, les astres, etc.) fait partie du polythéisme majeur. Allah dit en effet :


&²Les mosquées sont consacrées à Allah : n’invoquez donc personne avec Allah.


Sourate Al Djinn, verset 18.



Tel est Allah, votre Seigneur : à Lui appartient la royauté, tandis que ceux que vous invoquez, en dehors de Lui, ne sont même pas maîtres de la pellicule d’un noyau de datte. Si vous les invoquez, ils n’entendent pas votre invocation ; et même s’ils entendaient, ils ne sauraient vous répondre. Et le jour du Jugement ils vont nier votre association. Nul ne peut te donner des nouvelles comme Celui qui est parfaitement informé )


Sourate Fatir, versets 13 et 14.


( Et quiconque invoque avec Allah une autre divinité, sans avoir la preuve évidente [de son existence], aura à en rendre compte à son Seigneur. En vérité, les mécréants, ne réussiront pas ).


Sourate Al Mou’minoune, verset 117.


Nombreux sont les versets qui abondent dans ce sens. Cet acte rappelle la religion des anciens polythéistes dont faisaient partie les mécréants qurayshites. Allah a envoyé tous les Messagers –Que la paix soit sur eux- et a fait descendre les Livres révélés pour condamner cette pratique et dissuader les gens de s’y livrer. Allah I dit ainsi :


Nous avons envoyé dans chaque communauté un Messager, [pour leur dire] : “Adorez Allah et écartez-vous du Tagut.” )

Sourate An-Nahl, verset 36.


Et Nous n’avons envoyé avant toi aucun Messager à qui Nous n’ayons révélé : “Point de divinité en dehors de Moi. Adorez-Moi donc.” )


Sourate Al Anbiya, verset 25.


C’est un Livre dont les versets sont parfaits en style et en sens, émanant d’un Sage, Parfaitement Connaisseur. N’adorez qu’Allah. Moi, je suis pour vous, de Sa part, un avertisseur et un annonciateur )


Sourate Houd, verset 1 et 2.


La révélation du Livre vient d’Allah, le Puissant, le Sage. Nous t’avons fait descendre le Livre en toute vérité. Adore donc Allah en Lui vouant un culte exclusif. C’est à Allah qu’appartient la religion pure. Tandis que ceux qui prennent des protecteurs en dehors de Lui (disent) : “Nous ne les adorons que pour qu’ils nous rapprochent davantage d’Allah”. En vérité, Allah jugera parmi eux sur ce en quoi ils divergent. Allah ne guide pas celui qui est menteur et grand ingrat )

Az-Zoumar, 1 et 3.



Allah a donc expliqué dans ces versets qu’il a envoyé les Prophètes et fait descendre les Livres sacrés afin d’être adoré seul sans aucun associé, et que lui soient vouées toutes les sortes d’adoration (l’invocation, la demande de secours, la crainte, l’espérance, la prière, le jeûne, l’immolation, etc.).



Les polythéistes (les Qurayshites en sont un exemple) ont dit aux Messagers et à ceux qui prêchaient la vérité qu’ils n’adoraient les saints (walis) que pour qu’ils les rapprochent davantage d’Allah et intercèdent en leur faveur, et non parce qu’ils croient qu’ils les ont créés, leur donnent la subsistance et gèrent toutes les affaires de l’univers. Allah les a traités de menteurs et de mécréants en disant :


En vérité, Allah jugera parmi eux sur ce en quoi ils divergent. Allah ne guide pas celui qui est menteur et grand ingrat.


Az-Zumar, 3.



Dans un autre verset de la sourate Younous, Allah évoque le fait qu’ils considéraient les êtres qu’ils adoraient comme leurs intercesseurs auprès d’Allah :



Ils adorent au lieu d’Allah ce qui ne peut ni leur nuire ni leur profiter et disent : “Ceux-ci sont nos intercesseurs auprès d’Allah.”


Younous, 18.


Allah les a alors traités de menteurs en ces termes :


Dis : “Informerez-vous Allah de ce qu’Il ne connaît pas dans les cieux et sur la terre ? ” Pureté à Lui, Il est Très élevé au-dessus de ce qu’Ils Lui associent ! ).



Younous, 18.


Par ailleurs, Allah a expliqué au verset 56 de la sourate Adz-Dzariyate qu’Il a créé les djinns et les hommes afin qu’ils n’adorent que Lui :



Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent )


Le devoir de tous les djinns et tous les êtres humains est donc d’adorer Allah et de Lui vouer un culte exclusif. Nul autre que Lui n’a le droit d’être adoré, quand bien même il s’agirait des Prophètes, que ce soit par la demande de secours ou par toute autre adoration, conformément aux versets précédemment cités et d’autres qui vont dans le même sens, et aux enseignements authentiques du Prophète Sal-lallahou alayhi wa salam et des autres Messagers –Que la miséricorde et la paix soient sur eux.



 Ils ont invité les gens à reconnaître l’unicité d’Allah, à Lui vouer exclusivement le culte et à rejeter le polythéisme et l’adoration d’autres divinités en dehors de Lui. C’est là le fondement même de la religion islamique qui a motivé l’envoi des Messagers, la descente des Livres saints, c’est le principe qui constitue la raison d’être même des djinns et des êtres humains. Quiconque implore le secours des Prophètes ou d’autres créatures, leur demande l’assistance, ou leur voue quelque adoration pour se rapprocher d’eux, se rend coupable d’associationnisme et voit s’abattre sur lui la sentence d’Allah :


Mais s’ils avaient donné à Allah des associés, alors, tout ce qu’ils auraient fait eût certainement été vain.


Sourate Al An’am, verset 88.


En effet, il t’a été révélé, ainsi qu’à ceux qui t’ont précédé : “Si tu donnes des associés à Allah, ton œuvre sera certes vaine; et tu seras très certainement du nombre des perdants ).

Az-Zumar, 65.



Certes Allah ne pardonne pas qu’on Lui donne quelqu’associé. A part cela, Il pardonne à qui Il veut. Mais quiconque donne à Allah quelqu’associé commet un énorme péché ).


An-Nissa, 48.


Quiconque associe à Allah (d’autres divinités) Allah lui interdit le Paradis ; et son refuge sera le Feu. Et pour les injustes, pas de secoureurs ! ).


Al Maïda, 72.



N’échappe à ce châtiment que celui auquel le message de l’Islam n’est pas parvenu, vivant loin des pays musulmans et n’ayant pas accès au Coran et à la Sounna. C’est à Allah I de décider du sort d’un tel individu.



 La position juste parmi les avis des savants est de dire qu’il sera éprouvé le Jour de la Résurrection. S’il obéit, il ira au Paradis et s’il désobéit, il ira en Enfer. Il en est de même des enfants des polythéistes qui sont morts avant la puberté, il y a deux avis aussi justes l’un que l’autre à leur sujet :
 

Le premier avis pense qu’ils seront mis à l’épreuve ; s’ils obéissent, ils iront au Paradis et s’ils désobéissent, ils iront en Enfer, car le Prophète -Paix et bénédictions d'Allah sur lui- a dit lorsqu’on l’interrogea à leur sujet :



« Allah sait mieux que personne ce qu’ils feraient »


Boukhari et Mouslim.



Lorsqu’ils seront éprouvés le Jour de la Résurrection, la science d’Allah se manifestera à leur égard.



Le deuxième avis dit qu’ils sont au nombre des gens du Paradis, parce qu’ils sont morts dans l’état naturel sans avoir atteint l’âge de responsabilité. Le Prophète -Paix et bénédictions d'Allah sur lui- a dit dans un hadith authentique :



« Il n’est aucun enfant nouveau-né qui n’appartienne (naturellement) à la religion musulmane (al-fitra) –et dans une autre version : à cette religion. Ce sont ses parents qui en font un juif, un chrétien ou un adorateur du feu ».



Il est également rapporté de source authentique que le Prophète -Paix et bénédictions d'Allah sur lui- a vu Ibrahim Al Khalil dans un jardin parmi les jardins du Paradis en compagnie d’enfants de polythéistes.


Cet avis est le plus juste au sujet des enfants des polythéistes, en raison des preuves évoquées et parce qu’Allah dit :



Et Nous n’avons jamais puni [un peuple] avant de [lui] avoir envoyé un Messager.


Al Isra, 15.



Al Hafidz Ibn Hajar –Qu’Allah lui accorde la miséricorde- a cité cet avis dans Le livre des funérailles en estimant qu’il était le plus pertinent.



Il est bien entendu que l’interdiction concernant la demande de secours ne s’applique pas au fait de demander à une personne vivante et présente son aide dans la mesure de ses capacités. On le voit bien dans le récit opposant Moïse au copte :



L’homme de son parti l’appela au secours contre son ennemi.


Al Qasas, 15.


Tout le monde a besoin de l’aide de son prochain au quotidien ou lors du djihad, en restant naturellement dans les limites des capacités humaines. On est alors dans le cadre de l’entraide qui selon le cas est une sounna recommandée, voire une obligation. Et c’est d’Allah que dépend le succès.



Source :


http://www.hadith.be

Tag(s) : #Croyance
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