Cheikh Mohamed Ali Ferkous
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Louange à Allah Seigneur des Mondes. Que la paix et la bénédiction soient sur celui qu’Allah a envoyé en miséricorde pour l’humanité, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au jour du jugement. L’une des plus grandes causes qui permettent de préserver la place du prêcheur à Allah, d’accroître son honneur et sa dignité est qu’il travaille pour obtenir un revenu d’une source de subsistance appropriée. Un revenu grâce auquel il subvient à ses dépenses et se satisfait de ce qu’Allah lui a donné comme bienfaits.
Cela lui permet d’éviter de demander aux gens ce dont il a besoin pour se nourrir, se vêtir, se loger, etc.. Il ne demande qu’à Allah
.
En effet, celui qui renonce à solliciter les gens gagnera leur amour et leur sympathie. Il en découle que l’honneur du prêcheur se trouve dans le fait de s’abstenir de demander de l’argent ou de le désirer, sauf en cas d’extrême nécessité. De fait, la nature humaine fait que les gens désapprouvent ceux qui les sollicitent et convoitent ce qu’ils possèdent. D’après Sahl Ibn Sa`d : « Un homme est venu voir le Prophète et lui a dit : « Oh Messager d’Allah ! Indique-moi une œuvre dont l’accomplissement fera qu’Allah m’aimera et les gens aussi ». Le Messager d’Allah lui répondit : « Renonce aux biens de ce bas monde Allah t’aimera. Ne convoite pas ce que possèdent les gens, ils t’aimeront »([3]).
En effet, ne pas convoiter ce que possèdent les gens suscite leur amour. En outre, la quête de leur amour est demandée dans la religion.
Ceci se voit dans le hadith du Prophète : « Par Celui qui tient mon âme dans Sa
main, vous n’entrerez au paradis que si vous êtes réellement croyants. Et vous ne serez réellement croyants que si vous vous aimez les un les autres. Voulez-vous que je vous indique une
chose par laquelle vous vous aimerez les uns les autres ? Répandez le salut (Salam) parmi vous ! »([4]).
Dans cette même conception de modération, Ibn El-Djawzi رحمه الله a écrit dans « Manfa`at El-Mâl » (l’Utilité de l’Argent) : « Il n’y a pas plus profitable dans cette vie pour les savants que de gagner de l’argent pour ne pas dépendre des gens. En effet, si on joint l’argent à la science on atteindra la perfection.
Nous avons vu beaucoup parmi les soufis et les savants qui se rapprochent des gouverneurs par convoitise de leurs biens. Certains étaient
complaisants et ostentatoires, d’autres faisaient des éloges exagérés. D’autres encore se taisaient face aux interdits commis etc.. La cause de cette complaisance est la
pauvreté.
Il s’avère que l’intégrité de la dignité et le fait de s’écarter de l’ostentation résident dans l’éloignement des gouverneurs injustes.
De manière générale, il n’est d’hypocrite montrant la pratique de la religion, l’ascétisme et l’humilité, ni un savant voyant sa réputation compromise par un vice que par l’attirance de la vie d’ici-bas, provoquée par la pauvreté. Celui qui possède ce qui lui suffit et en cherche plus en fréquentant les gens du pouvoir sera compté parmi les gens cupides ; il est loin des meilleurs savants. Qu’Allah nous préserve de telles situations »([7]).
Je dis que ceci visait à concentrer les préoccupations de la personne, à avoir le coeur tranquille, à protéger son honneur vis-à-vis des gens afin d’accomplir sa mission éducative et son message de prédication en toute dignité, en se suffisant de ce que possèdent les gens, loin de toute complaisance et ostentation. Ceci lui confère un meilleur avenir, et lui sera plus profitable ici-bas et dans l’au-delà.
Celui qui passe son temps à garder son argent De peur de la pauvreté, est déjà pauvre »([12]). Le Prophète a dit : « Celui dont la seule préoccupation est la vie d’ici-bas, Allah mettra la pauvreté entre ses yeux, il dispersera ses préoccupations et il n’obtiendra de la vie d’ici-bas que ce qu’il lui aura été prédestiné »([13]).
[1] Rapporté par Mouslim
dans son « Sahîh », chapitre de « l’aumône légale », concernant le contentement du peu de subsistance et la sobriété (hadith 2426) et Et-Tirmidhi dans ses « Sounane », chapitre de « l’ascétisme », à propos de ce qui a été rapporté sur le contentement du peu de subsistance et la patience qui doit l’accompagner (hadith 2348) et Ibn Mâdjah dans ses « Sounane », chapitre de « l’ascétisme », en ce qui concerne la sobriété (hadith
4138) et Ahmed dans son « Mousnad » (hadith 6572), d’après Abd Allah Ibn `Amr Ibn El-`Âs .
[7] « Sayd El-Khâtir » d’Ibn El-Djawzi (154-155).
[12] « Sayd El-Khâtir » d’Ibn El-Djawzi (p.267).
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